Et j'ai eu 18 ans entre les deux tours...

J'ai eu 18 ans entre les deux tours de l'élection présidentielle.
Celle de 2002.


Crédit photo: combo_ck



Encore hier, je te disais que je ne parlerai pas politique sur ce blog, parce que c'est pas le sujet, et parce que je sais pas faire. Et je vais continuer, même si le titre de cet article peut te faire penser l'inverse.

Je veux juste te parler de cet instant-là, de ce moment que je ne suis pas prête d'oublier, qui fait partie intégrante de mes souvenirs.

J'ai donc eu 18 ans en 2002, le 26 avril - oui c'est bientôt mon anniversaire, je te place l'info, comme ça l'air de rien - tout juste entre les deux tours de l'élection présidentielle d'il y a déjà 15 ans. L'année qui a fait basculer la France, qui nous a fait nous prendre en pleine face le fait que si, ça peut arriver, la preuve.

Le FN - qui restera toujours pour moi, et je l'espère pour toi aussi, (sinon n'hésites pas tu peux vite te désabonner de mon blog) un parti emprunt de haine, de racisme, de sexisme (bien qu'une femme le représente), d'homophobie (bis repetita), de tout ce que je vomis et déteste au plus haut point; et ce sera mon seul commentaire politique, promis - accède au second tour de l'élection présidentielle. Evidemment que tu t'en souviens.

Le choc.

Moi aussi, je m'en souviens, et même parfaitement du moment où je l'ai appris.

20h00 :
Je suis en train de manger devant je ne sais quelle connerie qui passe à la télé, le Daron était déjà là, tiens, d'ailleurs.
La politique ne m'intéresse pas franchement à l'époque, je ne suis donc pas devant la présentation officielle des deux candidats. Pourquoi faire de toutes façons, je sais d'avance - comme une grande majorité de gens - que nous aurons affaire à l'habituel duel gauche-droite.
Comme d'hab'.

20h05 :
Je reçois le coup de fil d'une copine.

Elle, en mode panique: "T'as vu les résultats?"
Moi, en mode soûlée "Heu non, c'est comme d'hab de toutes façons..."

Elle : MAIS PUTAIN, ALLUME TA TELE DE SUUUIIITEEEUUU !!!"

Et là, c'est la grosse grosse claque en pleine face.



Au-delà du pourquoi-comment-mais-qu'est-ce-qui-s'est-passé (que nous avons compris par la suite), je n'avais plus qu'une idée en tête - encore une fois, comme des millions de gens : aller voter !!! 


Evidemment je n'avais pu voter au premier tour vu que je n'étais pas encore majeure, mais bon là, c'est bon je les ai mes 18 ans, je veux voter, je DOIS voter, je n'ai même jamais eu autant envie de voter que pour cette élection-ci, et pas seulement parce que c'était ma première, tu peux l'imaginer.

Je l'apprendrai - à mes dépends - la loi est claire. Et stricte. Et si injuste à mon sens à ce moment-là.
(Sans doute encore un peu, même 15 ans plus tard)
Tu ne peux voter à une élection que si tu es majeure avant le premier tour de la dit-élection. Pour les législatives 1 mois plus tard, aucun problème. Mais là, c'est niet.

Ce 21 avril m'a traumatisée. Et le mot n'est pas si fort, non.
Autant par le fait de me rendre compte que le FN pouvait passer au second tour - ce qui me semblait tellement improbable - que par le fait qu'on me refusait de m'opposer à leur ascension ultime, grâce aux urnes.

Depuis ça, je n'ai jamais - absolument jamais - manqué une seule élection. Bien que je respecte le choix de chacun (sans pour autant toujours le comprendre) de décider de ne pas voter, je suis de celle qui pense que c'est un devoir et pas seulement un droit. J'étais tellement atterrée de ne pas pouvoir le faire au moment où ça me semblait tellement indispensable, j'avais le sentiment qu'on m'enlevait mon droit, ma liberté même, que ça me semble inconcevable de ne pas l'exercer aujourd'hui.

Même si certains pourront me rétorquer qu'un vote tel que celui-ci peut finalement être à l'opposé du concept même de liberté.
Même si, trop fréquemment, je ne me sens représentée par aucun des candidats.
Même si je vote trop souvent utile, et presque toujours contre le même parti.
Et même si, sans doute, je ne fais pas toujours le bon choix.


Cette année encore, comme à chaque fois, mon anniversaire tombera entre les deux tours de l'élection présidentielle et, comme toujours, j'irai voter.
Je ne me ferai plus voler ce droit.

En attendant, on a encore deux jours pour se marrer un peu, profitons-en !


Crédit photo : Malcom France

Crédit photo : Topito

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