La dernière journée

Ou la reprise du travail après un congés maternité. (Qui n'a de congé que le nom, tiens, en passant).
Le mien en l’occurrence, tu t'en doutes.

Ce curieux mélange d'envie (de reprendre une activité sans bébé dans les bras voire même, imagine, sans hurler), de culpabilité (rapport au point précédent) et de tristesse (évidemment, de laisser son tout-petit à un.e autre).



Je crois que depuis que nous avons accueilli Bébé Graoully dans notre famille, la phrase que j'entends le plus - hormis les traditionnels pourris "c'était voulu" ou "t'es pas déçue d'avoir eu un garçon" - c'est : profites-en.

Surtout profites bien, ça passe tellement vite !

Et, oui, je confirme (au cas où il faille ma confirmation) : ça passe très vite. Trop. Sauf les nuits difficiles évidemment (sinon ça serait vachement moins drôle). 
Je le sais pertinemment (l'expérience t'as vu), d'ailleurs je l'ai aussi souvent dit à d'autres et je suis prête à parier que je le redirai encore même. 

Profite, profite de ce tout-petit. 
Alors profiter de ces mimiques, sourires, de son parfum, de ses progrès, du fait qu'il choppe tout ce qui bouge à proximité (cheveux et lunettes compris) (oui, on en est là), effectivement c'est un bonheur mais parfois gérer tout le reste, le quotidien (genre les lessives pour 5 personnes en ce qui me concerne) et en "profiter" n'est pas forcément le plus agréable qui soit (là encore, je parle pour moi, ce n'est peut-être pas ton cas). Et je me retrouve plantée entre des sentiments complètement à l'opposé.

Ambivalence quand tu me tiens

Le cul entre deux chaises, voilà clairement comment je me sens.

L'envie voire le besoin de sortir de la maison (même si on est bien d'accord que je restais pas cloîtrée non plus) et de reprendre une activité autre que préparer le repas ou plier du linge (oui je suis débordée de linge, remarque).

Et puis évidemment, cette angoisse de laisser son bébé à un.e autre, ce sentiment de limite l'abandonner toute la journée après avoir passé 6 mois presque collés l'un à l'autre.
Comment va-t-il réagir, est-ce qu'il va bien appréhender ce gros changement, est-ce qu'il va bien dormir, bien manger ?

Enfin last but not least - mais c'est presque une habitude me concernant - la double dose de culpabilité vint se rajouter aux deux points mentionnés plus haut.
Tu as envie de reprendre le boulot ? Paf, culpabilité, la mauvaise mère qui abandonne son enfant. Tu as peur de le perturber ? Bim, culpabilité, si tu le laissais y'aurait pas de problème !

Kicéki commande, naméo ?!

Evidemment, c'est plutôt simpliste comme schéma, mais la culpabilité ne va guère plus loin que le bout de son nez - qu'elle n'a pas d'ailleurs. Pourtant, je sais bien qu'il est aussi important d'avoir une mère épanouie mais (un peu) absente qu'une très (trop) présente mais pas vraiment au top de sa forme.
(Enfin quand je dis "épanouie", on se calme direct, j'en suis pas là non plus, mais c'est pour t'expliquer.)

L'adaptation

Ceci dit, à un moment, la question d'envie de reprendre ou non ne se pose pas forcément non plus parce que, clairement et très sincèrement, financièrement il faut que je travaille. Ce qui permet aussi à la culpabilité de fermer un peu sa gueule - qu'elle n'a pas non plus d'ailleurs.

C'est donc le moment de trouver un mode de garde, une assmat pour nous (une nounou si tu préfères) qui s'occupera donc de Bébé Graoully et de Moyen Mini (presque 5 ans), et puis (ce que je préfère) préparer le contrat en 18 exemplaires. Oui ok j'exagère mais 1 par enfant et 1 chacune finalement, je te laisse faire le calcul. A 3 pages le contrat, on est finalement pas loin.
(RECTO VERSO QUI PLUS EST) (Pardon, je m'emballe) (J'espère que tu as la réf quand même).

Pour beaucoup, comme ce fût le cas pour nous, la prochaine étape c'est l'adaptation du dit-sujet-bébé. Je me souviens encore de l'adaptation à la crèche pour N°1 (il y a fort fort longtemps) où sa mise en place était clairement plus stricte : 1/2h avec nous le premier jour, 1/2h sans nous le second, puis 1h puis un peu plus encore...
Comment te dire qu'on a fait nettement plus simple : quelques heures par ci par là et c'était bouclé ! Comme ça se passait bien, on a pas cherché plus loin, mais ça me semble quand même quelque chose d'important et impossible de faire l'impasse dessus donc.

Heu non mais tu vas où là, Maman ???

On a de la chance, aucun problème à déclarer. Ce n'est pas toujours le cas j'imagine.
Et c'est là, en revanche, où je ne veux pas imaginer le poids sur mes épaules si je devais laisser mon Mini en pleurs et continuer ma journée malgré tout, après ça. Un peu comme quand je croisais ces mômes, accrochés à leurs parents, lors des premiers jours d'école maternelle, voire même parfois lors des derniers jours ceci dit. Ce qui avait, je dois l'avouer, un peu le don de m'agacer quand les pleurs se poursuivaient bien au-delà des premières semaines de classe.
Bref, ceci est un autre sujet.

Et du côté du Daron

Autre chose qui peut - légèrement - m'agacer (et tu remarqueras qu'il y a sans doute un peu trop de choses qui m'énervent #teamraleuse), c'est, là encore, la différence papa/maman sur ce sujet. (Ou parent 1/ parent 2).
Quand je m'inquiète, me stresse de cette séparation et adaptation, le Daron, lui, n'a pas bien l'air de s'en faire. Evidemment, il a repris depuis bien longtemps après son immense congé paternité d'au moins - ouh la la - quinze journées toutes entières et la séparation s'est faite largement plus en douceur vu que Bébé Graoully restait dans les heureux (et fatigués) bras de maman (ma pomme donc). Il était donc moyennement inquiet.

Je précise, avant que les haters de tout bord me sautent à la gorge, qu'il s'agit là de NOTRE situation et pas d'une globalité. Je sais bien qu'il existe quelques pères au foyer (oui, je dis "quelques", à priori loin d'être la grande majorité) que mon agacement ne concernerait pas et, même, pour qui la situation serait probablement inversée.

Toujours est-il que ce n'est donc pas notre cas, que je ne prends cependant pas pour une généralité. Mais encore, devine qui passe (encore) pour la "méchante" maman alors que c'est moi qui "abandonne" Bébé Graoully chaque matin aux bras - pourtant très amicaux - de nounou quand le Daron débarque en "sauveur" chaque soir pour le récupérer ?
Et je suis pourtant celle qui passe le plus de temps avec Bébé Graoully vu que je suis à temps partiel - d'un commun accord avec le Daron qui n'en a pas la possibilité (quand tu travailles seul, c'est délicat).

L'égalité de la culpabilité dans notre couple, c'est pas encore pour demain en ce qui me concerne...

Cette "dernière journée", je l'ai donc vécu comme telle. La dernière à plein temps avec lui. Mais aussi comme d'habitude finalement.
Peut-être que j'en ai juste un peu plus profité, peut-être que j'ai juste un peu moins râlé (oui, je sais, je râle trop) quand il a eu du mal à s'endormir pour la sieste, peut-être que j'ai aussi fait moins de choses pour être un peu plus disponible pour lui, le regarder encore.

Juste un peu finalement. Mais sans doute pas assez, jamais assez.


Bon, ben, quand faut y aller...


Commentaires

  1. Coucou j'en ai aussi beaucoup entendu, surtout en ayant un deuxième petit garçon, mai je suis la plus heureuse ;) ce n'est pas évident et je connais mon mari c'est pareil ^^^^

    RépondreSupprimer
  2. Ah la fameuse reprise jamais évident en effet. Tellement d'appréhension mais en général tout va bien pour tout le monde non ? Bise ma belle

    RépondreSupprimer
  3. et je dirai : "tu fais de ton mieux" et c'est très bien comme ça

    RépondreSupprimer
  4. Hello
    La culpabilité est un sentiment normale car s'occuper de son bébé H24 sur une longue période, ça fait un sacré changement. Je suis sûr que tout va très bien se passer et que tu sauras surmonter ce sentiment.
    Gros bisous

    RépondreSupprimer
  5. C'est très difficile de laisser bébé après un congé maternité. Mais c'est un moment indispensable ou chacun reprend sa place. Belle journée

    RépondreSupprimer
  6. Coucou,
    Je ne suis pas maman, mais j'imagine bien que ça ne doit pas être facile de laisser son tout petit :/ Mais comment s'est passé cette reprise du coup ? :)

    RépondreSupprimer
  7. j'aime beaucoup ses petits pyjamas/ body; trop mignons! 6 mois il n'est déjà plus tout petit, ça a un côté plus rassurant de le laisser à cet âge que tout nourrisson! Et si tu fais confiance à sa nounou alors tout se passera bien! Et toi tu vas pouvoir reprendre un peu une vie d'adulte, détachée du bébé pendant quelques heures; il n'y a pas de culpabilité à avoir :)

    RépondreSupprimer
  8. je compatis, j'ai vécu la même chose à chaque fois et oui on dirait que c'est plus simple pour nos chers maris ^^
    j espère que tout s'est bien passé en tout cas
    bises

    RépondreSupprimer
  9. Roooooh courage, tout va bien se passer ❤️ Plein d'ondes positives pour ces séparations avec ton petit bout

    RépondreSupprimer
  10. Hello, je te souhaite plein de courage, pas toujours facile avec les enfants, je l'ai vu avec ma soeur!

    RépondreSupprimer
  11. Bonjour,
    c'est tellement ça ! j'ai repris il y a quelques jours et je l'ai vécut à peu près pareil...
    j'appréhende déjà quand il faudra repasser à temps plein...

    RépondreSupprimer
  12. Alors cette reprise, comment ca s’est passé? 3 enfants, un travail, un blog...? Mais comment fais tu??? Pas simple la vie d’une femme, il faut pas se mentir. Mais c’est si enrichissant.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés