De guerre lasse : le lâcher prise parental

 S'il y a bien une chose que j'ai appris forte de mon expérience (x3) de 13 ans de maternité - outre le fait de ne jamais dire que "moi parent, jamais je ne ferai ça avec mes enfants" - c'est de réussir à lâcher prise sur mes aspirations en matière d'éducation et la réalité des faits. Et étrangement (ou pas), c'est ce qui - encore aujourd'hui - me donne le plus de fil à retordre. 

Que l'on soit déjà parent ou pas encore, une chose nous rassemble toutes et tous sur le sujet de la parentalité, c'est bien d'avoir des principes avant, et des enfants ensuite. J'enfonce des portes ouvertes, oui je sais, mais je crois qu'on ne cesse pourtant pas de s'en rendre compte jour après jour et de revoir à la baisse nos ambitions.


Même si je ne suis pas un maitre (ou plutôt une maitresse alors) de l'organisation, dès que j'ose prévoir un truc, je sais que la seconde d'après, tout peut se barrer en fumée, et qu'il nous faut nous adapter à la situation en un quart de seconde, chose qui clairement n'est pas mon point fort.

Mais sincèrement, je fais des progrès et je force ma nature un peu plus chaque jour, pas toujours dans la joie et la bonne humeur ceci dit. J'arrive à apprécier le changement - de plus en plus - et à changer mes plans même au dernier moment. 

Bon après clairement, avec trois mômes, l'imprévu c'est presque devenu mon second prénom.

C'est sans doute aussi pour ça que chaque sortie - et je ne te parle même pas des vacances - peut générer chez moi une certaine source de stress (alors que ça devrait clairement me mettre en joie) parce que je veux toujours tout prévoir et, qu'évidemment, ça nécessite beaucoup d'énergie (et de listes !) pour au final réussir quand même à se faire surprendre par un truc improbable.


Allégorie du truc improbable


J'essaye donc de trouver le juste milieu entre tout ça : prévoir ok, mais ne pas non plus me casser la tête pour ne rien oublier (tellement facile à dire comme ça) et se dire que non, on ne peut pas tout prévoir donc ne pas culpabiliser +++ si un truc que j'aurais pu "parer" se produit finalement.

Petite parenthèse sur le sujet, il se trouve que je n'ai apparemment pas la même définition du lâcher-prise parental, en préparant cet article - genre je prépare ouais, c'est ouf - je découvre que c'est réussir à laisser son enfant devenir autonome, le laisser faire, accepter le fait qu'on ne peut pas le protéger de tout...

Ah?...

Ok, bon un problème à la fois hein, veux-tu.

J'envisageais pas vraiment ça comme ça. Pour moi c'était tout autre chose.
Un exemple tout bête. Graoully qui aime tellement sauter dans les flaques (pour me faire râler comme dirait l'autre), je prends sur moi - oui autant que ça - pour ne pas me dire "il va salir ses fringues, je vais passer 15 ans à détacher, nettoyer le tout, et en plus c'est un nouveau pantalon" etc. 

Oui j'en suis là.
Je t'imagine déjà monter au créneau et me prendre pour une barge - et je ne t'en voudrais même pas - mais, vraiment, je bosse dessus. J'essaye d'apprécier le moment où il kiffe. Simplement. 
(Même si faut pas qu'il abuse non plus en se roulant dedans hein, il s'appelle pas George) (Ok, qui a la réf ?)

Voilà, ça c'est non. Pas encore tout du moins.


Sans doute que la charge mentale que je supporte, ou que je me fais porter toute seule, m'empêche encore d'en apprécier tous les instants. 

Même si il faut dire aussi que tous les moments passés avec eux ne sont pas un océan de bonheur absolu #lanceusedalerte
Parce qu'il faut penser à la prochaine lessive (oui, encore), au cahier 24x32 à acheter pour le Collégien parce que c'était pas écrit sur la f***ing liste de fournitures, et la dernière facture à payer, et mince j'ai encore oublié de prendre rdv avec le dentiste ou l'ophtalmo, mais sinon je fais quoi à manger demain ?

Et encore !
Je ne suis pas seule à gérer les tâches dites domestiques, je pense tellement fort aux parents solo quand c'est comme ça. Pourtant, je me mets  la pression, sans doute sans le vouloir et même m'en apercevoir, ou pour faire au "mieux" ou comme j'aime que ce soit fait plutôt.
Peut-être aussi que j'ai pris à ma charge de gérer pas mal de choses (trop sans doute), que je n'ai pas envie de dire "tu pourrais faire ça" parce que ça me semble tellement logique, et que même si Le Daron y pense et le fait bah au final j'y penserai aussi, et ça ne fera que diluer un peu ma propre charge mentale intérieure, qui restera malgré tout toujours aussi dense.

{Nous voilà arrivé au moment de l'article où je ressens le besoin de justifier que je ne suis pas pire qu'une autre, merci de ta compréhension, demain je prends rdv chez le psy}

Mise en situation.
Ce matin, je me lève un chouilla plus tôt que d'habitude - 4h30, ça pique - ça m'arrive régulièrement pour le boulot, et je pars donc bien avant que qui ce soit à la maison ne soit levé. Bon, à priori en tout cas. Je ne vois pas les enfants, ne leur prépare pas leur petit-déj, ni leurs affaires, ne les emmène pas à l'école en leur souhaitant une bonne journée, et n'oublie pas ton masque et tes clés hein !

Hier soir, je préparais donc consciencieusement les petits vêtements des Minis - enfin pas le Collégien hein faut pas déconner, mais je lui rappelais cependant de le faire lui-même - alors que généralement, je le fais le matin même, en fonction...de rien du tout ! Dans la précipitation et éventuellement l'envie des enfants, notamment Mini Perceval.

Et là, en me levant et pendant que mon thé infusait, je me suis surprise à préparer un petit mot au Daron en lui disant de ne pas oublier de préparer ci ou ça, et surtout le repas de midi de Graoully, restant chez sa nounou. 

La liste de 4h du mat'

Mais sincèrement est-ce que je n'en faisais pas trop ?

Il était bien capable de tout préparer, là encore je me dis merde est-ce que ça n'est pas moi (toute seule hein) qui alourdi un peu plus ma charge mentale, qui rajoute qq kg supplémentaires, quelques nœuds au cerveau, quelques coches sur ma to-do list mentale.

J'ai donc malgré tout préparé les 2/3 points de la liste, en me disant qu'il n'avait pas non plus l'habitude de préparer les affaires de Graoully le matin, que ça n'était qu'un rappel et qu'il n'en aurait sans doute pas besoin, et puis bon, ça me rassurait moi aussi de mon côté, même si, bon, Le Daron savait bien qu'il fallait qu'il mange ce midi quand même.

Et quand bien même il aurait oublié, je ne pense pas que sa nounou - celle de Graoully hein, pas du Daron t'avais compris - ne lui aurait pas trouvé un petit truc à manger, bon-bon, sincèrement on aurait pu s'en sortir sans mon petit mot...mais de toutes façons, le "mal" était fait j'ai envie de dire, j'y ai quand même pensé alors à quoi bon (ne pas l'écrire).

Remarque comment je me torture la tronche n'empêche. Sincèrement, je m'auto-fatigue, mais au moins je n'irai pas chez le psy pour rien.
(Demain, on a dit) (Je t'ai dit que j'avais un gros problème de procrastination aussi ?)

Bref. Je laisse le petit mot, à côté du plat de midi pour Graoully, que je laisse décongeler de la veille si tu veux tout savoir (non mais je te vois venir, sinon tu vas te demander pourquoi elle laisse le plat du petit dehors) (autre précision que je ne devrais pas avoir à donner parce tout est ok mais c'est du congelé certes, mais du maison de base).

On reprend : je laisse le mot + le plat à genre 5 cm d'écart.
A 6h18, je reçois le sms suivant du Daron (véridique p*tain)

Je lui mets quoi comme plat ?



J'étais partagée entre l'envie de meurtre pure et simple donc, celle de lui conseiller d'attendre au moins 15 minutes post-réveil avant de communiquer avec un autre être humain (parce que juste, il s'agit de ça en vrai, en mode gueule dans uc'), et la plutôt savoureuse satisfaction d'avoir raison, de me dire que j'ai bien fait finalement t'as vu.

Mais comme pour certains fruits, la douceur de ce constat laissait bientôt place à la saveur amère de me dire que - bien involontairement - je suis sans doute aussi responsable de cette situation (et je m'en rajoute une petite couche dans la culpabilité en passant), parce que j'ai pris cette part sans doute trop importante, et puis que je ne peux pas m'empêcher (pour le moment tout du moins) de "penser à".

Un bon gros cercle vicieux finalement :
    - si j'y pense, je me reproche de penser à "tout"
    - si j'y pense pas, je me reproche d'avoir oublié
Donc, oui, quoi qu'il arrive, je ne suis pas réellement satisfaite de la façon dont je gère le côté "domestique" du foyer et tout ce qui s'y rapporte. J'ai même pas un fichu conseil à te partager, juste le sentiment que tu n'es pas seule (oui je mets volontairement au féminin, toi-même tu sais) et donc que moi non plus je ne suis pas seule à me dépatouiller intérieurement avec mes démons.

Je suis donc loin de lâcher prise sur le sujet, mais un petit pas après l'autre, j'espère réussir avant qu'ils ne soient tous majeurs :)

Ce qui est marrant, c'est que, justement aujourd'hui, mon horoscope me conseillait de ne pas tout prendre à ma charge...ouais bah c'est pas demain, vu que demain j'ai psy.



Commentaires

  1. Très bien vu... et évidemment très parlant je crois pour beaucoup d'entre nous. C'est un bien large débat... sans doute celui du patriarcat en général mais on va pas refaire l'histoire ici, en tout cas tu résumes très bien ce cercle vicieux : quoi qu'on fasse, on s'impose nous même la pression que la société fait peser sur nos épaules. Alors autant lâcher du lest, quitte à être déçues dans tous les cas...

    RépondreSupprimer
  2. Cc on prend souvent en charge plein de choses qu on soit parents ou pas, on ne peut pas s en empêcher, pour moi quand mon mari part en voiture je lui fait toujours des recommandations et pourtant il le sait il est grand mais je peux pas m en empêcher 🤣

    RépondreSupprimer
  3. Moi aussi maman de trois dont un Extra, pas simple tout les jours et je suis comme toi j'essaie de me détacher petit à petit mais ce n'est pas simple, la charge mentale est bien présente et c'est de plus en plus difficile ces derniers temps et pourtant j'ai un super papa pour m'aider ! Bref j'essaie de lacher prise aussi

    RépondreSupprimer
  4. franchement être parent c'est pas facile
    on oublie souvent qu'on doit pas être parfait
    c est bien de le dire !!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés