Mère à trois vitesses

J'ai 36 ans.
Le choc !

Non pas d'avoir cet âge-là (quoi que), je m'y suis vaguement habituée depuis avril dernier, mais sur le constat qui va suivre.
Sur ces trente-six années de vie - incroyable cela va sans dire - en voilà maintenant douze sous le statut de mère. Je viens un peu de me prendre dans la tronche le fait que cela correspond, mine de rien, à un tiers de ma (jeune) vie.
Ouais je suis pas trop mauvaise en stats tu remarqueras.

Evidemment, j'ai grandi, mûri, évolué en même temps que mes enfants ne grandissaient eux aussi. Et j'ai voulu marqué ici un point sur ces changements.



Premier level: Nulli(pare) a 24 ans

Avec nos yeux de 2020, c'est clair que ça semble incroyablement jeune pour avoir un enfant. D'ailleurs c'est souvent avec des yeux plein de surprise qu'on accueille cette idée lorsque je mentionne le fait que j'ai - déjà - un ado de 12 ans.
A ce moment-là, je ne me suis jamais vue trop jeune pourtant. Je me sentais prête (tu parles), j'en avais aussi bien sûr terriblement envie, j'avais eu le temps de profiter largement de mon couple. Plus rien ne me retenait apparemment pour me lancer, nous lancer.

Pourtant, cette première parentalité m'a semblé la plus difficile.



Rare archive du Collégien

Je ne sais pas si cela tient au fait que j'étais pratiquement la seule de mon entourage à avoir un enfant (tiens, comme c'est surprenant à cet âge-là), que j'avais peu ou pas accès à des conseils sur le sujet et encore moins de blogs, qui pullulent désormais, qui auraient pu m'aider un peu ou au moins me renseigner sur ce vaste sujet mais j'ai débarqué dans un univers que je ne connaissais absolument pas.

Sans compter que je suis la plus jeune de ma famille, aussi bien dans ma fratrie - une grande sœur point barre - que son extension, cousin et cousine inclus. Pas pu donc "m'exercer" avec qui que ce soit et j'ai du tenir dans mes bras à peine deux ou trois bébés de notre entourage, guère plus, avant de tenir le mien pour la première fois.
Exception faite de ma petite nièce "par alliance" (je déteste ce terme mais c'est juste pour t'expliquer le lien de parenté) qui a fait ma toute première éducation maternelle et que je voyais régulièrement depuis sa naissance.

J'ai fait énormément d'erreurs - peut-être comme toutes les Primipare - avec celui qui deviendrait mon Collégien d'aujourd'hui et, tout comme quand je relis mes tout premiers articles sur le sujet, j'ai bien souvent honte de mes propos et de mes idées d'alors.

Le premier essuie sans doute souvent les plâtres des suivants, c'est un fait. Mais là, le fossé sur ma façon d'éduquer entre mon premier et mon dernier me paraît juste immense. Pour le Collégien : je ne savais strictement rien ! Je me laissais guider par mon instinct (souvent mauvais) et les éventuels conseils des autres mamans que je pouvais côtoyer : à savoir la mienne ou celle du Daron. 

Un véritable choc des générations

Le concept de bienveillance comme on le connait aujourd'hui n'existait pas ou en tout cas n'était pas "à la mode" et donc on en parlait pas (à ma connaissance tout du moins), le portage physio à peine plus - en tout cas, moi, je n'en avais jamais entendu parler - et je ne te cause même pas de la DME (Diversification Menée par l'Enfant) ou de la motricité libre.

J'ai donc fait tout un tas de choses que je ne referai jamais aujourd'hui comme - ne me fustige pas - mettre de la purée de carotte dans son biberon à, à peine, un mois et demi de vie (la bonne idée de Mamy qui avait toujours fait comme ça avec ces propres enfants et aucun n'en était mort hein), le porte bébé avec les jambes qui pendouillent (My God !), le trotteur et j'en passe.
L'époque n'était pas la même, mes connaissances sur la parentalité proches de zéro.

Après lui, je me suis vraiment demandé ce que je pouvais bien faire de tout ce temps que j'avais avant.

Deuxième level: Primi(pare) a 31 ans

Voilà bientôt deux ans qu'elle essaye désespérément de concevoir un second (qu'elle croit, ce sera en fait un deuxième) (tu vois la nuance ?) être humain.
Oui, je parle de moi à la deuxième personne, ok, why not ?
Il arrivera finalement sept ans après son aîné. 

Et là, je pense que c'est comme le vélo bla-bla-bla, que j'ai l'expérience du premier et pas des plus simples (si j'avais su) bla-bla-bla, et qu'en prime la parentalité étant devenu un de mes principaux sujets d'intérêt (merci les blogs parentaux, le mien et ceux des autres) je ne pouvais qu'être au top et bla-bla-bla

Avec mes certitudes toutes faites et mon espoir appuyé, je tombe de haut quand je me rends - très vite - compte que ça ne sera pas aussi simple que je le pensais. Certes, je retrouve les gestes que j'avais fait mille fois avec le - désormais - grand de la fratrie, je reconnais les mêmes sons (de genre de ceux qui te réveillent en sursaut en pleine nuit) mais je découvre aussi beaucoup de difficultés nouvelles. Quelques facilités aussi que m'offre mon diplôme Ma(s)ter + 2.



Pas de recyclage de doudou

Ma vision de la parentalité, de l'éducation et de la façon dont je veux être mère à cet instant-T a prodigieusement évoluée.

Il faut dire aussi que je partais de loin.
Quand, pour l'aîné, je me laissais particulièrement porter par mon instinct sans vraiment prendre une direction plutôt qu'une autre, pour le Locataire (alias Mini Perceval) je prends des décisions que j'espère réfléchies, je cherche même souvent des informations ou ne seraient-ce que des astuces pour contourner une situation pour laquelle je me sens impuissante.

Alors, je ne dis pas que j'avais forcément les bonnes pratiques, que je ne me retrouvais pas démunie par moment (notamment côté sommeil, quelle surprise) mais ma façon de faire, de dire m'interrogeait régulièrement. Je ne me laissais pas porter et je prenais acte de mes faits et gestes.

La maturité peut-être, la pratique aussi sans doute

Le plus dur finalement - hormis le sommeil de mon nourrisson - étant de concilier mon temps, mon rythme entre mes deux enfants. Alors forcément, le quotidien est bien différent.
Quand on peut facilement sauter un repas, profiter d'une éventuelle matinée de sommeil après une nuit éprouvante ou décider de ne pas sortir pendant 36 jours d'affilé durent un hiver rude (même si c'est mal), tu ne peux évidemment pas t'accorder ces mêmes privilèges lorsque tu as un enfant plus grand à nourrir (d'autre chose que du lait) ou à emmener à l'école.
L'on peut difficilement se fixer uniquement sur les rythmes du nourrisson en occultant tout le reste. 

A côté de ça, je découvre les joies du portage physiologique (avec mon écharpe que j'aime d'amour), la diversification menée par moi-même (il faut lire que je prends cette fois le temps de faire mes petits pots), je suis aussi moins anxieuse de tout ce qui pourrait lui arriver et je le laisse plus aller à sa guise quand il commencera à se mouvoir. Bon tout en restant quand même méga prudente, on se refait pas.


Combo écharpe et collier d'allaitement

En terme de découvertes, je suis (malheureusement) gâtée par ce deuxième ex-locataire qui me fait expérimenter les coliques du nourrisson - que je n'avais fait qu’entrapercevoir pour mon premier - et des débuts de vie compliqués et stressants à cause (en vrac, ne m'en veux pas mais tu peux le découvrir plus en détails ici) d'un taux de sucre à surveiller pour cause de poids de naissance supérieur à 4 kg et d'une sympathique infection urinaire dans ses premières semaines.

Rien de bien méchant certes, mais courir les hôpitaux, urgences pédiatriques et les salles d'attente médicales aident quand même vachement à relativiser la suite. A prendre aussi du recul sur ce qu'on rate - et c'est pas graaaave - et à notre qualité d'adaptation à toutes les situations. Et celle de tes enfants encore plus.

J'ai aussi beaucoup moins de mal à gérer le manque de sommeil et les courtes nuits - et j'en ai eu plus que mon compte - les cernes ça c'est une autre histoire,  j'ai aussi un peu plus de patience en règle générale. En reparlant sommeil d'ailleurs, je suis devenue, je crois, beaucoup plus "laxiste" sur le sujet, et je ne dis pas ça en terme péjoratif.
Je m'adapte à son rythme, sans vouloir absolument le coucher à heure fixe, je prends ce qui est à prendre, je ne m'empêche plus d'ailleurs de le prendre dans le lit parental (ce que je voyais un peu comme le mal absolu avant, sous prétexte que ça lui donne de mauvaises habitudes). Bref je suis devenue une furieuse adepte du "je fais ce que je peux" et je ne le vis que pas plus mal.

Et là, je me demande de quoi je pouvais bien me plaindre lorsque je n'avais qu'un seul enfant.

Troisième level : Multi(pare) a 35 ans

Faut-il te rappeler que ce troisième-ci n'était pas franchement prévu au programme - si tu prononces le mot "accident" je te marave - mais qu'il fût agréablement accepté dans notre nouvelle famille presque nombreuse ?
Je ne sais plus...

Bon, pour le coup, il y eu de la nouveauté, surtout concernant la grossesse, malheureusement pas des plus réjouissantes. Ça serait un peu long à résumer en quelques lignes le pourquoi du comment, je t'invite plutôt à le découvrir ici si tu l'avais raté.

Ce fût finalement la plus stressante de mes trois grossesses - même si j'avais eu quelques frayeurs et légères "complications" pour le numéro 2 - qui s'est terminé par le plus "bel" accouchement ! Comme quoi ça n'est pas toujours lié.

Y'a pas à dire : l'arrivée du petit troisième (et dernier) a franchement été la plus facile, dans notre cas tout du moins. Je ne sais pas si cela tient au fait que Bébé Graoully est peut-être aussi un peu plus facile que ses frangins ou si j'appréhende ses besoins avec ma looongue expérience de - donc - maintenant 12 ans mais que dire à part que je trouve ça relativement simple.
Presque trop.



Quand il dort ben ça va en fait


Avouons tout de même que le sommeil de ce troisième s'étant très vite stabilisé - comme quoi je fais peut-être pas tout de travers à ce niveau-là contrairement à ce que je pensais jusque là - je remarque que ça aide quand même carrément bien. Et c'est une absolue découverte que je n'ai que très peu connue avec ses deux grands frères.

En tout cas, je trouve que je m'en sors bien. Rien n'est parfait évidemment, j'aimerais trouver le temps d'en passer un peu plus avec chacun de mes trois garçons, en prendre un peu pour moi aussi tant qu'à faire mais voilà je fais selon les priorités du moment.

Avoir trois enfants, c'est prioriser au maximum pour éviter les débordements

...qui arrivent malgré tout parfois, qu'on se le dise. Alors voilà, j'essaye aussi de m'organiser un minimum, moi l'adepte du tout à la dernière minute, et c'est un sacré challenge que je suis pourtant obligée de relever si je veux garder un semblant de sérénité dans notre foyer.

Je ne me suis pas transformée en maman bienveillante pour autant. Oui, je crie, je punis, je compte jusqu'à trois. Peut-être que ce sera la prochaine étape de ma mutation parentale mais sincèrement j'en doute, c'est pas franchement dans mon caractère.
Non, je ne me suis pas mise aux couches lavables, je ne leur ai pas appris à signer (même si, c'est vrai, j'aurais bien aimé) 

Bien sûr que j'essaye chaque jour de m'améliorer, de ne pas refaire les erreurs que j'ai déjà pu commettre (et parfois je m'y engouffre pourtant par fatigue ou lassitude), mais je suis à mille lieues aussi d'être la mère que j'avais imaginé avant d'en devenir une.

Le populaire adage : avant j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants; j'aurais carrément pu l'inventer tellement il me correspond. 

C'est sans doute un terme un peu trop fort mais ce troisième Mini m'a apporté (au-delà d'un bonheur incomparable cela va sans dire) une certaine forme de sagesse. Je me prends moins la tête sur des petits détails, rapport aussi sans doute au manque de temps dont je parlais plus haut, je suis plus confiante dans ma façon de faire, plus apaisée aussi je crois.

 Les doutes subsistent c'est évident, comme aux premiers jours de sa vie tout autant qu'actuellement. Ils tiennent aussi au fait que je dois désormais gérer un ado de presque 13 ans avec le Collégien, un mini du milieu en perpétuelle crise du Terrible Five (en fait, chaque année j'ai le sentiment qu'il réussit à m'inventer une nouvelle crise) et donc un Bébé Graoully, plus si bébé, avec son caractère bien trempé.

Ce joyeux mélange des âges et des genres, finalement, c'est une grande première pour moi !


Le chemin est long mais l'horizon dégagé

Après je reste fière de mon parcours et de mes changements même si tout est loin d'être parfait. Et je sais que mon chemin parental est bien loin d'être terminé, que je vais continuer à apprendre, à m'améliorer aussi je l'espère et - qui sait - dans quelques années, je trouverai aussi mes façons de faire actuelles hors d'âge comme j'ai pu le ressentir pour le Collégien alors nourrisson.

Et maintenant, au bout de trois enfants, je me demande vraiment comment j'ai pu être débordée avec un seul ou même deux...et je suis terriblement admirative de celles et ceux qui en ont encore plus que moi 😍
(Mais comment font-elles/ils ? Sans doute comme nous toutes finalement : comme elles/ils peuvent)

Commentaires

  1. Et au final tu as une vision de la maternité beaucoup plus complètes que beaucoup... ce n'est pas un droit chemin mais il nous amène souvent à nous même ;o)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est joliment dit ! Comme d'habitude, des formules sont très justes et me rassurent sur mon statut de mère très imparfaite mais qui fait comme elle peut :)

      Supprimer
  2. Moi j'ai deux enfants et j'ai 40 ans. Je les ai eus à 32 et 33 ans. Donc ils ont 8 et 7 ans maintenant.

    RépondreSupprimer
  3. Coucou, ca passe super vite, mais tu dois être fière de toi, au vue de ton parcours :)

    RépondreSupprimer
  4. Hello, j'ai eu bcp de plaisir à lire ton article. J'ai quasiment ton âge (un an de plus pour ma pomme) et un enfant de 5 ans. Un deuxième enfant n'est pas prévu mais je sais que si j'en avais un autre, il y a déjà des choses que je ferai différemment. On apprend, on murit. Mais il n'y a jamais de parent parfait. Belle journée

    RépondreSupprimer
  5. oui tout n est pas comme on l avait imaginé mais on apprend.

    RépondreSupprimer
  6. et oui on avance et on évolue
    j ai fait 40 ici ce mois ci :o

    RépondreSupprimer
  7. Tu as un beau parcours. Moi j'ai deux filles, et cela me suffit, je suis aussi un peu débordée avec tout ça ^^

    RépondreSupprimer
  8. Ma vie de maman fois 426 novembre 2020 à 20:55

    Coucou, moi j'en ai 4 dont des jumelles et j'admire ceux qui en ont plus lol

    RépondreSupprimer
  9. Quel beau parcours de vie et de réflexion :)

    RépondreSupprimer
  10. J'ai 36 ans également et une fille qui va avoir 12 ans dans quelques jours =) Ainsi qu'un petit boy de 6 ans. Mais c'est marrant de voir qu'au delà de ces points communs, nos histoires/expériences/sentiments sont différents. Très bel article

    RépondreSupprimer
  11. Tu sais, j'ai 45 ans.
    Je suis maman d'un septans mais également nounou depuis pret de 12 ans.
    Chaque nouveau né que je rencontre est une découverte.
    J'ai beaucoup évoluée dans ma non-maternité auprès de ces petits.
    Je sais que si j'avais eu la chance d'avoir plusieurs enfants j'aurai "réajusté" c'est naturel, et même avec des enfants très proches on ne peut pas faire pareil puis qu'il y a un enfant avant c'est FORCEMENT différent même si on fait tout pareil !!
    Bravo en tous cas et ne doute jamais.
    Tant que tu fais de ton mieux tu fais ce qu'il y a de mieux !!

    RépondreSupprimer
  12. ici pas la force de passer au 3ème level même si c'est peut-être le plus facile...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés